Du médicament, prescrit par votre médecin, que vous avalez pour soulager votre douleur, à celui que vous prenez alors que vous n’avez mal nulle part, mais qui vous fait « tellement de bien », quelle est la différence ?
En fait, il n’y en a qu’une seule : l’addiction.
Pourquoi les opioïdes sont-ils addictifs
Vous le savez maintenant, les opioïdes ont le défaut d’être hautement addictifs. Et c’est bien le problème majeur de ces médicaments qui sont, pourtant, une panacée en matière de gestion de la souffrance physique !
Après le rappel des bases sur ce que sont les opioïdes, après l’explication sur la menace planant sur la France d’être atteinte, à son tour, par une crise des opioïdes similaires à celle qui a causé plus d’un demi-million de morts aux États-Unis, nous revenons sur une question essentielle : pourquoi devient-on « accro » aux opiacés ?
Replongez-vous dans un souvenir d’enfance. Vous êtes rentré de l’école et, après une journée de travail et d’études, vos parents vous enjoignent de finir vos devoirs avant de pouvoir, enfin, aller jouer dehors. Or, vous n’attendez que ça : voir vos copains, faire du vélo au soleil, vous amuser, profiter de ce qu’il vous reste de temps libre avant d’aller vous coucher !
Mais non, il vous faut encore travailler à cet exercice de maths qui, avouons-le, est bien moins séduisant qu’une partie de foot !
Mais, vous promet votre maman, si vous êtes bien sage, si vous finissez vos devoirs, vous obtiendrez un bonus : la barre chocolatée que vous convoitez, bien cachée dans la cuisine…
Vous faites donc ce qu’on attend de vous, pour obtenir cette friandise… que vous avalerez en moins de trente secondes, évidemment !
Nous ne parlons pas ici de l’addiction au sucre – même si elle fonctionne de la même manière –, mais bien du phénomène de la récompense, qui est à la base de toute addiction.
Lorsque l’enfant que vous étiez déguste cette délicieuse barre chocolatée, tout se passe dans votre cerveau.
Les opioïdes stimulent le circuit de la récompense
Les neurotransmetteurs communiquent entre eux grâce à des impulsions électriques, en se fixant sur des récepteurs. Or, dans votre cerveau, l’un des systèmes neuronaux a en charge d’assurer les fonctions nécessaires à votre survie : vous nourrir, boire, dormir, etc.
À chaque fois que vous effectuez une action en ce sens, vos neurones vous remercient par des sensations agréables… Voilà ce que l’on appelle – de manière très schématique, évidemment – le phénomène de récompense.
Plus le stimulus est élevé – le gamin que vous êtes se souvient parfaitement du plaisir qu’il a eu à dévorer sa friandise ! –, plus le système de récompense va enclencher la libération de dopamine. Cette même dopamine qui prédit les récompenses attendues, et va pousser le gamin à toute action permettant de l’obtenir. Bon, dans notre cas, l’action est de faire vos devoirs, on est loin d’un acte délictueux ! J Mais le principe est là.
Les conséquences graves du circuit de la récompense
Or, la prise de tous les types de drogues déclenche des niveaux de dopamine bien plus importants que celui provoqué par notre barre chocolatée ! Nous parlons ici des drogues dont chacun a entendu parler, héroïne, cocaïne, cannabis… Mais aussi de tout le reste, tout ce qui peut conduire à une consommation compulsive : l’alcool, la nicotine, le sucre, les opioïdes… Il ne s’agit d’ailleurs pas seulement de ce que vous ingérez, car le principe est le même pour certains comportements : addiction au jeu, au sexe, etc.
Lorsque la consommation est régulière, le circuit de la récompense devient hyperactif,poussant sa « victime » à multiplier les actions menant à sa récompense. La consommation devient ainsi compulsive, ce qui signifie d’énormes difficultés à y mettre un terme.
De la récompense à l’accoutumance
Puis, intervient le phénomène d’accoutumance : pour obtenir le même effet de récompense, vous devez consommer bien plus de drogue que ce qu’il vous fallait, au départ. Le produit finit ainsi par kidnapper littéralement le système de récompense. Toutes les autres tâches que doit accomplir votre cerveau sont mises au second plan : c’est l’addiction.
Bien entendu, nous vous présentons ici une explication simplifiée du processus. Ainsi, notre cerveau sécrète près d’une centaine de neurotransmetteurs, et certaines substances psychoactives ont la propriété d’imiter les neurotransmetteurs naturellement présents pour se substituer à eux dans leurs récepteurs naturels.
C’est le cas des opioïdes. Pour être extrêmement simpliste, lorsque vous prenez un comprimé pour calmer l’affreuse douleur que vous cause votre sciatique, vous mentez à votre cerveau. Vous lui dites « Tiens, regarde, tu n’as plus mal ! ». Et l’opioïde agit comme un logiciel-écran qui feinte vos perceptions… Est-ce à dire que vous ne devriez pas prendre ce comprimé, et vous contenter de vous tordre de souffrance sur votre canapé ? Évidemment,non !
Mais vous devez être conscient du phénomène que nous venons de décrire, et du caractère hautement addictif de ces molécules. Les opioïdes sont extrêmement efficaces et pris dans le strict cadre médical, ce seront des alliés de poids dans votre guérison.
N’en faites pas vos ennemis !
Nos sources : https://www.drogues.gouv.fr/que-nous-dit-la-science-des-addictionshttps://www.linkedin.com/posts/patrick-bordeaux_addiction-video-activity-7074740733357776896-09Mc/?utm_source=share&utm_medium=member_desktop