Opioïdes : Comprendre et agir pour éviter la crise

Comprendre le fonctionnement des centres d’addiction

L’état français au chevet des addictions

Selon une étude du Lancet datant de 2013, « les addictions ou “troubles d’utilisation de substances” sont la première cause de mortalité évitable dans le monde. Elles sont responsables de près de 30 % de mortalité prématurée. » Et cette étude ne prend pas en compte les addictions liées à l’usage des opioïdes : cette forme d’addition n’était « pas encore » très répandue.

Nous avons vu, lors d’un précédent article, comment l’État français finançait l’aide au dépistage, au sevrage et à l’accompagnement des patients addicts : en partie via les ARS, chargés de mettre en œuvre les décisions du gouvernement en matière de santé, et d’utilisation de leur budget. Chaque ARS dispose d’une certaine autonomie dans les moyens qu’elle met en place, au niveau local, pour améliorer la prise en charge des patients.

Malgré les efforts déployés, le constat reste peu encourageant pour les personnes ayant besoin d’une aide au sevrage. La principale difficulté réside dans l’accès aux soins, surtout pour les publics dits « vulnérables ».

Faisons d’abord un point rapide sur les différents acteurs du réseau de santé, vers lesquels sont dirigés les patients.

Les acteurs de santé concernés

En première ligne se trouvent les CSAPA : les Centres de Soin, d’Accompagnement et de Prévention en Addictologie. Ce sont véritablement les structures de référence dans la prise en charge des addictions. Il s’agit d’établissements médico-sociaux, disposant d’une équipe pluridisciplinaire assurant une prise en charge de proximité des différents types d’addictions. En 2010, on comptait 419 CSAPA ayant pris en charge environ 268 000 patients. En 2023, on en dénombre 490, pour un total approximatif de patients pris en charge évalués à 314 000.

Il faut noter que les CSAPA jouent aussi un grand rôle dans l’accueil et l’information sur les consommations de drogues, ainsi que sur les aides proposées aussi bien aux patients qu’à leurs proches. Un suivi médical ambulatoire y est organisé, avec un psychiatre ou un médecin généraliste formé à l’addictologie.

D’autres acteurs du réseau de santé entrent en ligne de compte, comme les CAARUD, les Centres d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction des risques pour Usagers de Drogue. Ils sont davantage dédiés à la prévention et à l’information. Vous avez également les structures hospitalières, les CJC – Consultations Jeunes Consommateurs – et les associations d’entraide.

C’est une chaîne humaine de professionnels et de bénévoles, qui se dévouent corps et âme pour aider les personnes soumises aux affres de l’addiction !

Dans cette chaîne, nous l’avons dit, les CSAPA jouent un rôle central. Malheureusement, le budget ministériel aux ARS ne redescend pas toujours au bénéfice de ces acteurs si importants !

Une répartition budgétaire inégale

À titre d’exemple, voici la répartition des 27,85 millions d’euros consacrés aux établissements médico-sociaux en 2021 : 35 % ont été affectés à l’augmentation de places LAM – Lits d’Accueil Médicalisés –, 24 % dédiés pour des places d’ACT – Appartements de Coordination Thérapeutiques –, 20 % pour des places LHSS – Lits Halte Soins Santé, réservés aux personnes sans domicile fixe –, 10 % pour le dispositif Un Chez Soi d’Abord – des logements réservés aux publics les plus vulnérables – et, enfin… 11 % du budget est consacré aux CSAPA et les CARRUD réunis ! Autant dire qu’il ne reste pas grand-chose, d’autant que le « simple » renforcement de l’offre en matière de prise en charge, soit l’acquisition de nouveaux traitements et de kit naloxone, coûte à lui seul entre 4 000 € et 30 000 €.

Ce manque criant de moyens se traduit au quotidien pour les malades par les difficultés d’accès aux soins. Ainsi, l’Association Addictions France a tiré la sonnette d’alarme, en soulignant que la crise sanitaire a renforcé les difficultés des personnes suivies pour des problèmes d’addictions : 70 % d’entre elles ont eu du mal à maîtriser leurs consommations pendant les périodes de confinement. Outre les conséquences de la crise du Covid, l’Association précise que 39 % des Français suivis pour une addiction ont dû renoncer à se faire accompagner, soit parce qu’ils ont eu des difficultés à obtenir un rendez-vous, soit parce qu’ils ne savaient pas vers quelles structures se tourner… Or, l’accompagnement et le suivi sont des éléments indispensables pour un sevrage, qu’il s’agisse d’opioïdes ou de toute autre drogue !

Les enjeux sanitaires poussent les Autorités à redoubler d’efforts. Ainsi, le montant des mesures nouvelles 2021 pour les structures d’addictologie a été fixé à 10,7 M€, auquel s’ajoutent 12,7 M€ pour des mesures telles que :

  • La poursuite du déploiement des CSAPA référents en milieu pénitentiaire;
  • La mise en place de consultations avancées de CSAPA et renforcement d’interventions d’équipes mobiles de CAARUD dans les structures d’hébergement social (centres d’hébergement et de réinsertion sociale [CHRS], structures d’urgence, etc.) ;
  • L’extension de salles de consommation à moindre risque (SCRM)
  • La création et renforcement des structures d’addictologie;
  • L’amélioration de l’accès et du parcours de soins en addictologie des publics souffrant d’addictions, dans le cadre du Ségur de la santé.

Des mesures vitales pour améliorer un accès aux soins à des publics déjà fragilisés par une addiction potentiellement mortelle !

 

Nos sources :

https://annuaire.action-sociale.org/etablissements/readaptation-sociale/centre-de-soins-accompagnement-prevention-addictologie-197.htmlhttps://intervenir-addictions.fr/orienter/vers-qui-orienter/csapa/

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