Vous connaissez sûrement l’adage : le nerf de la guerre reste, toujours, l’argent.
Sommes-nous en guerre ? Bien sûr, nous choisissons d’utiliser un terme volontairement belliqueux. Mais, si l’on considère que la vie humaine est le cœur même de nos préoccupations, alors oui, nous sommes en guerre : en 2022, on dénombre plus de 7300 décès liés à une intoxication aux opioïdes.
Une moyenne de vingt décès par jour… C’est un véritable drame humain !
Nous allons, aujourd’hui, nous intéresser à la lutte contre ce fléau, aux moyens financiers mis en place pour la prise en charge, la prévention et la guérison des patients addicts aux opiacés en France. Et donc, à l’argent !
Les ARS au cœur du système
Les principaux acteurs de cette lutte sont les ARS : les Agences Régionales de Santé. Elles sont mal connues du grand public, et nous sommes nombreux à très mal appréhender leurs rôles aussi bien que leurs modes des de financement.
Sur le site du Ministère de la Santé et de la Prévention, voici la définition donnée aux ARS : « Les agences régionales de santé (ARS) sont chargées du pilotage régional du système national de santé. Elles définissent et mettent en œuvre la politique de santé en région, au plus près des besoins de la population. Elles sont l’interlocuteur unique de tous les acteurs de santé en région. »
Les ARS ont été créées par la loi « Hôpital, patients, santé et territoires » (HPST) de 2009, pour répondre aux problématiques régionales de santé publique. En effet, elles sont le relais du ministère de la Santé dans les régions ; elles en déclinent la politique à l’échelle régionale.
Ce sont donc des établissements publics, financés par l’État – mais nous y reviendrons plus en détail –, qui se doivent d’appliquer les directives nationales en termes de veille sanitaire, de réponse aux situations d’urgence ou de crise, de promotion de santé publique… Les ARS ont une certaine autonomie pour agir dans les domaines de la prévention, et dans le domaine médico-social.
Enfin, ce sont elles qui pilotent et régulent l’offre de soins.
Le financement des ARS
Maintenant, passons aux choses sérieuses : les sous !
Comment sont financées les dix-huit ARS françaises ?
Afin de financer leurs dépenses de fonctionnement, les ARS perçoivent une subvention de l’État, ainsi que des contributions des régimes obligatoires d’assurance maladie. Concrètement, en 2022, ce budget était de 593 173 042 euros. Par « dépenses de fonctionnement », nous pouvons citer, par exemple, quelques-uns des postes budgétaires prévus dans ce montant : le développement numérique, la formation interne…
Par ailleurs, les ARS peuvent, via le FIR, financer des projets régionaux de santé publique. Le FIR est le fonds d’intervention régional, permettant aux ARS de faire des appels à projets pour sponsoriser des actions spécifiques. Les projets de financement portent sur quatre catégories de demandes :
- L’équipement et l’aménagement des locaux des Permanences d’accès aux soins de santé [PASS].
- L’aménagement et l’équipement de dispositifs sanitaires visant à améliorer l’accès aux soins de publics qui en sont éloignés. Il est possible de cibler des publics particuliers [petite enfance, patients concernés par un problème de santé mentale, détenus, etc.] ou d’agir en population générale. Il pourra s’agir de dispositifs implantés au sein de l’établissement de santé ou construits dans une démarche d’« aller-vers ».
- Les dispositifs facilitant l’accès aux soins, le diagnostic, la prévention, le suivi et les soins de publics rencontrant des difficultés du fait, notamment, de matériels inadaptés [en particulier les personnes en situation de handicap]
- L’environnement architectural et technique des équipements matériels lourds autorisés, mais non encore mis en service, si cet investissement apporte une plus-value dans l’accès aux soins de la population.
Le rôle des ARS dans la lutte contre le mésusage des opioïdes
Mais revenons plus précisément sur notre sujet : concernant la gestion de la lutte contre l’addiction aux opioïdes, les ARS ont un rôle non négligeable à jouer, et qui rentre parfaitement dans leurs attributions.
Nous pouvons donner l’exemple de l’ARS PACA, qui a récemment mis en place un « parcours santé et addictions ». Leurs buts sont de « développer les compétences psychosociales ; renforcer les actions de prévention ; améliorer le repérage et élargir la réduction des risques et des dommages ; fluidifier les prises en charge ; accompagner et participer à la réinsertion des personnes concernées. »
Autre exemple : l’ARS Ile de France a créé une formation en ligne intitulée « Traitement de substitution aux opiacés – Prise en charge à l’officine des patients dépendants aux opiacés ». Cette formation s’adresse aux pharmaciens de la région, et son objectif est d’« améliorer la prise en charge des patients dépendants aux opiacés par les pharmaciens d’officine en leur apportant connaissance et compréhension de la maladie et de ses traitements ainsi que qualité, sécurité et fluidité par une mise en pratique de terrain. »
Les ARS ont donc, grâce à leur budget et à une certaine autonomie de gestion, la possibilité d’intervenir très efficacement dans la lutte contre l’addiction aux opioïdes. Leur connaissance du terrain et leur proximité avec tous les acteurs – professionnels de santé comme patients – leur donnent des armes pour être de véritables leviers de progression.