Opioïdes : Comprendre et agir pour éviter la crise

Quand l’héroïne se met au vert

La France détient un triste record

Savez-vous quel est le pays qui, en Europe, détient le – triste – record de saisies d’héroïne ? Cocorico ! C’est la France, main dans la main avec les Pays-Bas : 1,4 tonne d’héroïne confisquée sur la seule année 2022…

L’héroïne est un dérivé de la morphine, utilisée depuis très longtemps – on en trouve les premières allusions dans des textes datant de l’Empire romain ! – pour ses capacités anesthésiantes… et euphorisantes.

Un opioïde puissant : il « est à la fois un dépresseur et un perturbateur, c’est-à-dire qu’elle engourdit le cerveau, ralentit le fonctionnement du corps et affecte les sensations et les perceptions de la réalité. »

Ce sont ces derniers effets que recherchent les consommateurs d’héroïne.

Selon plusieurs enquêtes, une partie des usagers sous traitement de substitution aux opiacés en consomment afin de « rompre la monotonie de leur traitement. »

 

Une croissance de la consommation … stupéfiante

Une récréation plutôt dangereuse, quand on sait que l’héroïne fait partie des drogues les plus addictives ! Et quand on en connaît les effets en cas de surconsommationtroubles cardiaques, respiratoires, vomissements, coma et mort.

Le plus grand changement que l’on observe depuis un an est le déplacement géographique des consommateurs, qui étaient auparavant concentrés dans les grandes agglomérations.

Or, l’héroïne ne se vend presque plus dans les villes principales – le nord excepté, car Lille reste une victime de ce trafic.

Les consommateurs de drogues illégales de nos métropoles, aujourd’hui, se fournissent surtout en cocaïne base – appelé aussi « crack », un mélange de cocaïne et de bicarbonate ou d’ammoniac – et en drogues de synthèse, qui imitent les effets de l’ecstasy, du cannabis, etc.

Ces dernières semblent donc devenues des drogues urbaines, plutôt destinées à des usagers aisés… Tandis que le trafic d’héroïne prend de plus en plus d’ampleur dans nos campagnes.

Plus précisément, la demande provient surtout, dorénavant, des zones rurales et périurbaines.

Comment expliquer cette modification des comportements ?

Y aurait-il de plus en plus de personnes addicts dans nos belles campagnes, synonymes – du moins, pour les habitants des grandes villes – de calme, de tranquillité et autres roulades dans le foin ?

Il est vrai que les mythes ont la vie dure, et que, pour tous ceux qui ne mettent un orteil à la campagne qu’à l’occasion de leurs vacances, la réalité quotidienne leur échappe sans doute un peu.

On oublie peut-être que le calme signifie aussi la solitude, une souffrance si cette dernière n’est pas choisie… Les paysages bucoliques de nos week-ends nous feraient-ils oublier que vivre de la terre est extrêmement ardu, que l’isolement et le peu de débouchés professionnels ne font pas forcément le bonheur ?

Depuis plusieurs années, on assiste à un exode urbain, à deux vitesses :

Pour ceux qui choisissent de vivre dans un décor plus conforme à leurs aspirations, il n’y a évidemment pas de problèmes.

Mais il existe également des mouvements de populations qui déménagent  pour chercher de meilleures conditions de vie… sans beaucoup de bonheur pour la plupart, surtout s’il s’agit d’individus peu qualifiés.

Il ne faut pas non plus négliger le développement des communes dites « multipolarisées », permettant aux ruraux de s’approvisionner chez les mêmes fournisseurs que les citadins.

De toute façon, même au fin fond de la Creuse – et nous ne dénigrons pas du tout la Creuse, superbe département s’il en est ! –, chacun peut se faire livrer, à domicile, tout ce qu’il désire, légalement ou non.

L’héroïne semble donc devenue la « drogue des pauvres », et le nombre record des saisies prouve une explosion de la demande.

Or, à la campagne, la consommation d’opioïdes peut être encore plus dangereuse que dans nos grandes villes : le manque de médecins y est souvent inquiétant, et la quasi-totalité des structures d’accueil est concentrée dans les villes.

Ceux qui tombent dans l’enfer de l’addiction le font souvent pour pallier la souffrance liée à leur isolement… alors même que cette addiction les isole encore davantage, et les rend très vulnérables psychiquement et physiquement.

Un cercle infernal.

La pauvreté, le chômage et l’isolement sont des terreaux fertiles pour l’addiction aux opioïdes ! Après tout, ces derniers sont là pour calmer la douleur, et pas forcément celle que l’on voit…

SOURCES

https://www.slate.fr/story/250429/heroine-zones-rurales-periurbaines-france-drogue-consommation-trafic-saisies-villes-moyennes

https://www.quebec.ca/sante/conseils-et-prevention/alcool-drogues-jeu/connaitre-les-drogues-et-leurs-effets/heroine

http://cyberpharmacie.free.fr/heroine2.htm

https://www.ofdt.fr/produits-et-addictions/de-z/cocaine-et-crack/

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