Opioïdes : Comprendre et agir pour éviter la crise

Le trafic de médicaments : un business juteux et en plein essor

Une saisie hors norme

Il y a quelques mois, nous pouvions découvrir l’information suivante : une saisie géante de vingt mille cachets de médicaments opioïdes était effectuée dans les Landes, à Castet, soit presque dix kilos.

C’est, en 2022, la plus grosse prise des douanes françaises pour ce type de trafic… mais pas la seule !

Le trafic de médicaments est un business extrêmement juteux, et en plein essor.

Les opiacés en font partie, en compagnie d’autres types de substances très recherchées. Pourtant, la France reste assez préservée par rapport à ses voisins européens, et elle sert souvent de « plaque tournante » aux trafiquants.

Les saisies concernent le plus souvent des médicaments à destination d’autres pays, et la raison en est très simple : une partie du trafic mondial concerne la contrefaçon de médicaments ; or, en France, la plupart de ces médicaments sont remboursés.

Le marché illégal – très rémunérateur – des traitements anticancéreux n’a donc pas cours dans notre hexagone.

D’après l’Oclaesp, l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique, qui dépend de notre gendarmerie nationale, seul 1 % des médicaments en circulation sont d’origine illégale.

Dans le reste du monde, on frôle plutôt les 10 %… Un traitement anticancéreux coûtant, en moyenne, dix mille euros, ceci explique cela !

Un programme d’Europol puissant pour contrer les trafics

En 2020, Europol a lancé une action d’envergure destinée à lutter contre le trafic des médicaments, baptisée Shield – soit « bouclier », en français !

Ce commerce illégal ressemble beaucoup à celui des stupéfiants, grossistes, mules, passeurs… et les intervenants qui se trouvent tout en bas de l’échelle : pour les opiacés, il s’agit surtout de ceux qui truquent les ordonnances afin de se procurer les substances désirées en pharmacie.

D’ailleurs, drogues et médicaments illégaux sont issus des mêmes réseaux. Une grande partie des clients de ce trafic cherchent les effets psychotropes de ces médicaments.

Par exemple, les opioïdes qui ont été saisis en 2022, dans les Landes, font partie des médicaments parmi les plus puissants de la famille des antidouleurs. Bien-être, euphorie, béatitude… voilà les bénéfices que les consommateurs en retirent.

Malgré le fait que ce médicament est hautement addictif, et qu’un surdosage d’à peine quelques grammes signifie la mort, le plus souvent par arrêt respiratoire.

La surconsommation à l’origine des trafics

D’ailleurs, l’ANSM – l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé – publie annuellement des rapports sur la consommation des opioïdes en France. L’ANSM alerte le public et les professionnels de santé sur l’augmentation des « mésusages » et des intoxications, parfois mortelles, à ces médicaments.

Ainsi, en dix ans, les prescriptions  de médicaments antalgiques opioïdes auraient augmenté d’environ 150 % !

Ce qui s’explique facilement, puisque ces médicaments sont beaucoup plus efficaces contre la douleur que les antalgiques« classiques », comme l’aspirine ou le paracétamol.

Mais, en parallèle, l’ANSM note également une augmentation inquiétante d’hospitalisations liées à leur consommation : plus de 167 % entre 2000 et 2017 !

De même, les décès par overdose d’opioïdes ont progressé de près de 150 % dans le même laps de temps.

Les risques encourus par une consommation abusive de ces médicaments n’empêchent en rien l’augmentation de la demande, et du trafic lié aux médicaments de toutes sortes.

Ainsi, l’opération Shield que nous évoquions bénéficie de la participation de vingt-six pays, dont dix-neuf dans la seule Union européenne.

Un constat effrayant

Europol, qui coordonne et les enquêteurss de chaque nation, travaillent en partenariat avec les géants du commerce en ligne, dont PayPal et Amazon, ainsi qu’avec les grands groupes pharmaceutiques.

Leur conclusion est très positive – ou effrayante, selon le point de vue ! Voici le bilan de leurs actions : vingt-cinq millions d’unités de médicament saisies en 2021, et soixante-trois millions d’euros.

En France, ce sont plus de trois millions de cachets qui ont été saisis, pour une valeur d’environ cinq millions d’euros.

Nous avions, dans un précédent article, évoqué les chiffres du trafic d’héroïne.

Il était alors question de la « migration » de la demande vers les campagnes françaises, et de l’augmentation de cette consommation alarmante d’un des opiacés les plus puissants au monde. Ici, il s’agit en quelque sorte de se placer encore « un cran au-dessus » : selon Interpol, le trafic de médicaments rapporterait entre dix et vingt fois plus que celui de l’héroïne ! Des chiffres qui donnent le vertige…

Et, au bout de la chaîne, il y a toujours les victimes, qui souffrent et qui meurent.

SOURCES

https://www.20minutes.fr/societe/3244935-20220302-criminalite-trafic-medicaments-rapporte-10-20-fois-plus-trafic-heroine-explique-general-sylvain-noyau

file:///C:/Users/pcfixe/Downloads/Blanchiment-produits-trafic-fentanyl-opioides-synthetiques.pdf

https://www.allodocteurs.fr/trafic-de-fentanyl-quels-sont-les-dangers-de-cet-opiace-33212.html

https://ansm.sante.fr/actualites/antalgiques-opioides-lansm-publie-un-etat-des-lieux-de-la-consommation-en-france

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