« Summertime, time, time
Child, the living’s easy
Fish are jumping out
And the cotton, Lord
Cotton’s high, Lord so high »…
Si vous connaissez ces paroles, vous avez forcément l’air dans la tête, à présent ! Il s’agit, bien sûr, de Summertime, de Janis Joplin. Une artiste protéiforme – arrangeuse, peintre, danseuse, musicienne… – qui a laissé une empreinte indélébile dans le monde de la musique.
C’est à celle que l’on surnommait « Pearl » que nous consacrons notre premier portrait des artistes victimes des opiacés. Une liste tristement longue…
Pourquoi « Pearl » ? Parce que Janis aimait les accessoires clinquants et son éternel boa en plumes roses. Nous n’allons pas, ici, revenir en détail sur sa carrière flamboyante ni sur la liste de ses succès.
Des prédispositions à l’addiction
Notre but, avec cette série de portraits, est de faire le parallèle entre les addictions des millions d’anonymes, et celles des artistes.
L’addiction aux opioïdes touche toutes les classes sociales, tous les âges, et toutes les catégories socio-professionnelles. Mais il est vrai que les artistes en sont fréquemment victimes… Peut-être parce que personne ne se drogue par hasard, et que la création est très rarement le fruit d’une existence tranquille et parfaitement sereine : le besoin de créer part le plus souvent d’un besoin d’extérioriser ses propres démons. Des failles intimes que la drogue vient – en apparence seulement ! – combler, du moins temporairement.
Pour Janis Joplin, les failles apparaissent dès l’enfance. En parlant de sa vie, l’artiste déclare qu’elle était une « inadaptée » ; en classe, elle était en butte aux moqueries et au rejet de ses camarades, qui s’acharnaient sur son physique jugé peu conforme aux canons de beauté de l’époque. On la surnommait « le cochon » ou « le monstre », et elle a même reçu le prix cruel du « garçon le plus laid du campus » à l’Université du Texas, en 1960.
Un mépris qui laissera des traces et qu’elle n’oubliera jamais, malgré toutes les revanches qu’elle a réussi à prendre avec une carrière flamboyante et très rapide ! Elle se réfugie dans la musique, la peinture, la danse et, très vite, connaît le succès : dès 1965, son nom sort de l’ombre.
Un basculement rapide
Mais, entre 1960 et 1965, elle traverse une crise majeure et touche le fond : D’après son biographe, Jean-Yves Reuzeau, « elle est une sorte de speed freak, essentiellement préoccupée de tester des produits comme les amphétamines et la méthédrine, sans négliger tout un assortiment d’alcool. Cet abus de boisson et de drogues va détériorer sa santé… »
En 1965, Janis essaie toujours de percer, mais elle commence à ressembler à un zombie ! Elle est maigre à faire peur, bourrée d’amphétamines et presque catatonique. Dans un sursaut de prise de conscience, la jeune femme essaie de se faire admettre au San Francisco General Hospital, mais on la rejette. À cette époque, il était fréquent que les drogués tentent une hospitalisation provisoire, aussi bien pour se sevrer que pour manger à leur faim…
En désespoir de cause, Janis revient chez ses parents pour « se ranger ». Un sevrage brutal et extrêmement douloureux, que l’envie de revenir sur la scène mettra en échec.
Amour, rock n’roll et beaucoup de drogue….
Renouant avec la musique et avec ses amours, Pearl renoue avec la drogue et l’alcool, mais, cette fois, le succès est aussi au rendez-vous. De 1968, date de son premier concert solo, à 1970, date de sa mort, la jeune femme sort vraiment de l’anonymat et ne refrène plus sa consommation : plus de deux bouteilles d’alcool par jour, des opioïdes, des amphétamines… C’estl’héroïne qui lui procure le plus d’apaisement, et lui permet de supporter la gloire et la notoriété à laquelle sa nature timide s’accommode, en fin de compte, très mal.
Elle passe plusieurs phases dépressives, essayant malgré tout de refréner ses pulsions autodestructrices. Sans vraiment de succès…
Durant ces années, celle que l’on surnomme Pearl, mais aussi « la mama cosmique » ou « la reine de la soul psychédélique » devient l’icône que tout le monde connaît aujourd’hui.
Une fin tragique mais classique
Le 3 octobre 1970, Janis est retrouvée morte dans une chambre d’hôtel, victime d’une overdose d’héroïne. Les résultats de l’autopsie ont révélé qu’elle s’était injecté de l’héroïne presque pure, une dose que son organisme déjà très affaibli par des années de toxicomanie n’a pas supportée.
Elle a ainsi rejoint le tristement célèbre « club des 27 » : le surnom donné à ces artistes du rock et du blues, foudroyés à 27 ans, pour beaucoup d’entre eux à cause de leurs addictions.
Janis avait adopté cette citation de Frank Sinatra : « En fait, je suis pour tout ce qui peut aider à survivre un jour de plus, que ce soit une prière, des tranquillisants ou une bouteille de Jack Daniel’s ».
Un jour de plus, et une vie en moins.
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Références :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Janis_Joplin
https://fr.wikipedia.org/wiki/Club_des_27
https://www.medecine-des-arts.com/fr/article/janis-joplin-et-addictions.php